FRANÇAIS ARCHIVES



ARTICLES

Delisound.com 2000

CHRONIQUES

Delisound.com 2000
Technikart.com 2000
MCity.fr 2000
Canalplus.fr 2000
Wsound.com 2000
West Vibes 2000
Djouls.com 1999

INTERVIEWS

MCity.fr 5/2000
Guitare & Claviers Nº 218 5/2000 version courte
Guitare & Claviers Nº 218 5/2000
House-Of-Techno.com 16/3/2000
Wsound.com 16/3/2000
Canalplus.fr 13/3/2000
UUUU.org 30/9/1999
eDEN Nº 3-4 1/1995









ARTICLES



Delisound.com :

DANSER AVEC LES MICRONAUTS
Inviter les Micronauts dans un club habitué aux valeurs sûres de la French touch (house calibrée "fièvre du samedi soir"), qui plus est dans une ville de province, n'était pas un pari facile pour l'équipe Global Tekno. Mais il fallait lancer le Parcours Électronique, qui est en gros la partie fiesta de cette expo dévoilant une biosphère numérique jusqu'au dimanche 1er octobre en Avignon dans le cadre de La Beauté. Christophe Monier et Georges Issakidis ont pris les platines à 1 heure du matin et envoyé la reprise trash de "French Kiss" par Lil' Kim dans son dernier album... Les jeunes en tenue club (les filles en top et les garçons en Célio Sport) n'ont pas vraiment trouvé leur repère mais dans la pratique du DJing tout est une histoire de juste à propos ; les deux compères ont ajusté le mix avec une hard house hypnotique des plus efficaces (Deep Dish style etc.) et trouvé le moyen de placer 45 minutes de leur production dont sûrement un de leur prochain single qui se présente comme un hymne vocal electro avec une explosion atomique en bouquet de Noël. Les Micronauts semblent opter pour le booty bass de Miami, DJ Assault de Detroit et (évidemment) l'album de Lil' Kim. Prochaine sortie d'ici la fin de cette année. Merci à l'équipe du Privé pour son accueil.
Vix 2000









CHRONIQUES



Delisound.com :

THE MICRONAUTS "BLEEP TO BLEEP" SCIENCE/LABELS
The Micronauts avec "Bleep To Bleep" offrent un mini album avec un seul titre retourné comme une crêpe : entraînant, à l'arrêt, déstructuré... Christophe Monier et George Issakidis nous baladent totalement autour du bleep, le grincement sympathique de la machine. Le morceau part d'un vocal de Jomanda, chanteuse garage du début des années 90. Ils en font une mouture techno, dynamique, avec des variations telles qu'il est possible d'apprécier cette création comme un album. Neuf versions d'un même titre alors que n'importe quel titre techno est remixé par une flopée de stars offrant la version vocale ou instrumentale ou rave ou cocooning ou chien-chien voire chat-chat..."Bleep To Bleep" au contraire est un travail d'auto-remixe, de délire travaillé subtilement avec une pochette signée M/M. Plus loin de la French touch, tu ne peux pas. Entre Boulez et Larry Levan, quelque part. Let the sunshine in!
Vix 2000



Technikart.com :

THE MICRONAUTS "BLEEP TO BLEEP"
Quand le SM rencontre l'électronique... La souffrance musculaire ne sera pas vaine, le plaisir arrive après.

C'est quoi ?
Un mini album, exercice de style électronique. Finalement assez SM, il fait du bien et du mal autant aux jambes qu'à la tête.

C'est qui ?
C'est Christophe Monier, d'Impulsion, et George Issakidis, canadien exilé en France depuis dix ans. Malgré "Bleep To Bleep" qui est en fait un EP, malgré des remixes pour Death In Vegas, Daft Punk ou les Chemical Bros, ils n'ont toujours pas sorti de véritable album, mais patience, ça vient.

Ça vient d'où ?
Enregistré à la maison sous haute influence de THC, "Bleep To Bleep" devait au départ être un single. Mais devant la richesse des bandes de répétitions, la paire décide de retravailler les parties les plus intéressantes, et sort, non pas trois morceaux, mais neuf.

Ça se passe comment ?
Influencés par Xenakis autant que par le jazz ou la techno dérangée de Speedy J, ils ont réussi à enregistrer autant de morceaux cérébraux que de bombes de dancefloor comme "Baby Wants To Bleep", Part 3 & 4.

Que faut-il en penser ?
Il faut se laisser happer par cette musique du diable, de toute façon résister serait mission impossible. Spécialistes internationaux de la petite faille que nous avons tous dans la tête, les Micronauts savent parfaitement s'y engouffrer pour nous triturer l'âme et le corps. Et, même s'ils mixent un peu comme des patates, ils ont au moins la bonne idée de passer les disques qu'il faut.
Sébastien Pruvost 2000



MCity.fr :

THE MICRONAUTS "BLEEP TO BLEEP"
En avant-goût de leur album, The Micronauts livrent près de 45 minutes de variation d'un même titre totalement électronique.

The Micronauts, duo parisien, qui s'est fait remarquer dans l'underground techno par quelques maxis savoureux, durs, expérimentaux et durs, ne veut pas caresser dans le sens du poil. Pour cela, George Issakidis et Christophe Monier ont d'autres groupes ou projets. Avec The Micronauts, ils vont plutôt faire souffrir votre envie frénétique de danser. C'est parti avec un beat qui invite à se dandiner. Mais il y a tout le reste : les séquences interrompues et répétitives, les bruits parasites tout droits sortis d'une usine à recycler les sons, les bleeps agaçants, l'ambiance scie à métaux perpétuelle, le ronronnement imperceptible puis obsédant, les boyaux électroniques déchirés, etc. Bref ! De l'expérimental à vous ouvrir les entrailles, une progression bruitiste de plus en plus dure. The Micronauts aiment jouer avec les sons, les pousser jusqu'à leurs derniers retranchements... Et nos tympans aussi. Vivement l'album !
Philippe Roizès 2000



Canalplus.fr :

THE MICRONAUTS "BLEEP TO BLEEP" (LABELS)
Après des mois de spéculations, voici le premier mini album des Micronauts, le duo français qui compte les Chemical Brothers parmi ses plus ardents supporters. Autant vous prévenir tout de suite, "Bleep To Bleep" fait plus penser à "White Light White Heat" du Velvet qu'aux Daft Punk. Voilà un disque sombrement psychédélique qui doit aussi plus au LSD qu'à l'ecstasy : beats déstructurés, fréquences stridentes provoqueront des hallucinations sonores que vous n'êtes pas près d'oublier. C'est donc le côté obscur de cette fameuse French touch que vous découvrirez ici, inutile de dire que cette black touch s'avère 20 fois plus excitante que sa grande sœur !
Guillaume Sorge 2000



WSound.com :

THE MICRONAUTS "BLEEP TO BLEEP" SCIENCE
Il existe un mot qui définirait la musique des Micronauts : physique. Associer ce terme à celui de chimique pour préciser le propos, et vous avez un bon résumé de ce que ce disque offre, ce qu'on appelait en d'autres temps le heavy dancefloor action. La bleep music (le "tûûût" décalé sur le beat qui a perdu tant de ravers) qu'ils pratiquent avec excellence, sorte de croisement hard house technoide rentre dedans, possède un grain assez caractéristique, présent tout le long de ce disque homogène. Le concept de "Bleep To Bleep" est de réaliser neuf variantes sur un même thème ("Baby Wants To Bleep") qui présentent diverses attaques de la piste de danse : dark et direct sur la "Baby Wants To Bleep Part 1", atmosphérique et vicieuse sur l'ambient "Bleeper_0+2"(qui correspondrait au passage éclair aux toilettes) ou encore façon belge sur "Baby Wants To Rock". Kick serré, basse dégoulinante de mauvaises intentions, et nappes évanescentes hantent ces compositions épileptiques qui doivent autant au punk rock endiablé qu'à Octave One. Pas un exemple de finesse, mais un peu de brutalité ne peut pas faire de mal...
Grégory Papin 2000



West Vibes :

TECHNO
THE MICRONAUTS "BLEEP TO BLEEP" (VIRGIN/LABELS) ..
The Micronauts est composé de Christophe Monier (auteur d'un maxi sur Rave Age Records en 1991) et de George Issakidis, un Canadien. Autour d'influences communes allant de Kraftwerk à Public Enemy en passant par Lil' Louis et Squarepusher, Christophe et George ont concocté un mini album électronique avec un beat 'techno' ravageur, et quelques sonorités 'ambient'. Un son, un style à suivre ! Un album est prévu pour la rentrée.
2000



Djouls.com :

THE MICRONAUTS : "THE JAG" (MAXI)
Label : Science
Distributeur : Labels

Un peu de house, ah... Non... Autant pour moi, c'est de l'electro... Ou du hip hop. Bon, rassemblons nos idées, c'est de la musique électronique d'abord, après... Il est vrai que cela passe un peu par tout ce qui est électronique, frôlant même dans certains moments un je ne sais quoi de dub dans le mix. Ouais, pas mal du tout, pour le moins festif pour un morceau de 10 minutes 58 secondes qui présage un album auquel on prêtera la plus grande attention !
Pour le Speedy J Remix, on dira seulement que c'est sûrement un fan d'Autechre et tant mieux.
Note electropophouseparty : ****
Tiff 1999









INTERVIEWS



MCity.fr mai 2000 :

THE MICRONAUTS
BLEEP MUSIC
En 8 ans d'existence, les Micronauts se sont principalement fait remarquer outre-manche où leur tech-house sans concession a puissamment secoué les dancefloors.

George, tu es originaire du Canada anglophone, comment s'est faite ton initiation à la house ?
George Issakidis : En 88, quelques amis ont ramené des compilations d'acid house de Londres. À l'époque, à Calgary, il y avait une soirée house qui durait toute la nuit mais nous n'étions qu'une dizaine (rires). Le hit de Maars, "Pump Up The Volume", était arrivé jusqu'au Canada et ce morceau était très présent dans les médias. Lorsque j'ai fait la connaissance de Christophe, nous avions un penchant commun pour la house, l'expérimentation et la technologie.

Dans quelles circonstances vous êtes-vous rencontrés ?
GI : Nous étions tous les deux étudiants à la Sorbonne, moi en Histoire de l'art et Christophe à la fois en Art plastiques et en Sciences économiques. Mais, c'est à travers le magazine eDEN que la rencontre s'est faite car je voulais à tout prix participer à cette aventure. J'achetais tous les numéros aux soirées de Laurent Garnier au Rex Club.
Christophe Monier : C'était en 93 et je m'occupais du magazine avec Christophe Vix depuis déjà un an.

De quelle manière avez-vous abordé le travail à deux ?
CM : Nous avions un synthé, une TB-303, un ordinateur, et avec ce matériel de base, nous avons composé un premier morceau. George a pu ainsi voir comment cela se faisait concrètement car, en ce qui me concerne, je produisais depuis le début des 90's. Notre premier morceau, "Get Funky Get Down", a été par la suite remixé par Daft Punk.
GI : À l'époque, nous étions très influencés par la house de Chicago et le son de DJ Pierre.
CM : En fait, ce qui nous plaisait, c'était l'apparente répétitivité du genre qui, en fait, n'en est pas vraiment une puisque le timbre des sons évolue en permanence. Aujourd'hui, musicalement parlant, nous sommes arrivés à un point où nous faisons évoluer toutes les composantes sonores de nos morceaux. L'arrivée de la house a été un tournant dans le domaine de la musique populaire car le travail ne se faisait plus tellement sur l'harmonie, et la mélodie, mais sur le timbre. Je pense que c'est une étape importante car nous ne sommes plus dépendants d'instruments au timbre immuable. Cela ouvre un champ de possibilités infinies.

Pourquoi avez-vous choisi l'expatriation en signant sur des labels anglais ?
CM : Nous sommes passés par deux maisons de disques, Loaded et Phono, avant d'arriver sur Science. Lorsque l'on a réalisé nos premiers morceaux, "Get Funky Get Down", "The Jazz/The Jam", c'était assez difficile de trouver des labels qui veuillent bien de cette musique parfois difficile d'accès.
GI : En France, tout le monde nous a tourné le dos. Nous avons démarché quelques labels français et envoyé des démos à l'étranger. C'est finalement en Angleterre que l'accueil a été le plus favorable.

Votre volonté était-elle de percer sur le marché anglais afin de pouvoir par la suite toucher le marché français ?
GI : Ce n'est pas le genre de calcul que l'on fait. Les labels anglais sont les premiers à avoir eu envie de notre musique et cela nous a apporté une certaine crédibilité en France. Les Français ont souvent besoin d'un succès critique à l'étranger afin d'accepter les choses.

Le titre de votre mini album, "Bleep To Bleep", est-il un hommage aux pères fondateurs de la techno et de la house ?
CM : Pas seulement, il y a bien sûr une référence à la trilogie de Mad Mike (cf. "Galaxy To Galaxy"...) mais aussi à d'autres formations comme Brother To Brother, un groupe disco des 70's, Soul II Soul, et à la face B d'un maxi de Gino Soccio qui s'appelle "Dance To Dance". La face A de ce maxi étant "Dancer" qui nous a donné l'idée d'appeler un morceau du mini album "Bleeper"...
GI : le morceau "Baby Wants To Bleep" est une référence au "Baby Wants To Ride" de Jamie Principle et Frankie Knuckles. En anglais, le terme "bleep" évoque les bips de la censure.
CM : Une fois de plus, il y a un petit côté politique (rires).

À travers les 9 versions d'un même morceau, "Baby Wants To Bleep", peut-on considérer cet opus comme travail de remix ?
GI : En quelque sorte, il y a d'ailleurs un remix au centre du mini album, "Bleeper_0+2", mais il n'a pas été fait par nous. En fait, c'est un remix de "Bleeper" réalisé par un software qui travaille d'après des algorithmes.
CM : On enregistre notre musique en numérique à la fréquence de 48 000 grains par seconde. Le logiciel que l'on a utilisé travaille directement sur ces grains d'une manière pseudo-aléatoire en les mélangeant, en changeant leur hauteur, leur position dans le temps et peut aller jusqu'à superposer 600 couches de grains de sons ! Ce logiciel est directement inspiré des travaux de Pierre Shaeffer et beaucoup de compositeurs de musique électroacoustique l'utilisent. C'est en même temps un clin d'œil à Xenakis que j'ai eu comme chargé de cours pendant un an.

D'après vos dires, on a l'impression que vous appuyez sur un bouton et que la musique se fait toute seule...
CM : Notre intervention consiste à choisir le logiciel, l'algorithme, et à fournir un fichier son, en l'occurrence l'un de nos propres morceaux terminé ("Bleeper"). Ensuite on est très sélectif sur ce que l'on garde, on fait beaucoup de tri...

Comment avez-vous abordé la composition des autres titres de "Bleep To Bleep" ?
GI : On a un peu l'impression de faire du jazz dans le sens où il s'agit d'improvisations. Au final nous nous sommes retrouvés avec 8 heures d'enregistrement !
CM : Nous avons suivi différentes méthodes de travail. Le premier morceau (en fait les 4 premiers index) a été entièrement programmé en MIDI. La plupart du temps, on commence par faire des essais enregistrés sur DAT et en MIDI. Puis on réécoute le tout et on sélectionne les passages qui nous intéressent, on garde les programmations qui sont bonnes tout en essayant de les améliorer... c'est parfois fastidieux. La deuxième moitié de ce mini LP est le résultat du montage et de la superposition des meilleurs passages de nos 8 heures d'enregistrement.

Avec Bleep To Bleep, allez-vous vous lancer dans l'aventure du live ?
GI : Nous n'aimons pas trop le live, on aime bien figer les choses dans le temps. Une fois que c'est fait, c'est fait. Il ne nous semble pas nécessaire de refaire quelque chose qui nous satisfait pleinement. Tu ne peux pas prendre un vase, le casser et tenter d'en refaire 10 versions différentes en espérant qu'il sera aussi beau que le premier.
Laurent Gilot 16/3/2000



Guitare & Claviers Nº 218 mai 2000 : (version courte)

THE MICRONAUTS
RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE
Tour à tour DJs, remixeurs et remixés, The Micronauts sont aussi et surtout les auteurs de trois maxis particulièrement remarqués outre-Manche et d'un explosif mini album, "Bleep To Bleep". Morceaux choisis d'une conversation aux frontières du réel avec ce duo lucide et sans compromis.

Animés d'une franche détermination et d'une passion sans bornes pour l'expérimentation, le Français Christophe Monier et le Canadien George Issakidis pilotent depuis six ans, sans naufrage et sans esbroufe, un vaisseau atypique baptisé The Micronauts. Rythmiques distordues, lignes de basses ronflantes et sons apocalyptiquement électriques, parfois mâtinés de subtiles touches soul funk, émaillent leur parcours discographique, de leur premier maxi "The Jazz/The Jam", sorti en 1995 sur le label britannique Loaded, à leur dernière galette "Bleep To Bleep", en passant par l'étourdissant "The Jag", acclamé l'année dernière.

AVANT, L'ÉDEN
"Nous nous sommes rencontrés en 1993 au sein du collectif et fanzine
eDEN. À l'époque, il n'y avait pas en France de presse musicale consacrée à la house et la techno. Nous avons été les premiers à parler de cette scène. L'ambiance dans les raves était ici beaucoup plus sombre et triste qu'en Angleterre, au Benelux, en Espagne ou en Italie. Nous voulions montrer que la "dance music" pouvait être différente. eDEN a aussi permis à la scène électronique française naissante de se fédérer et répondait en ce sens à un véritable besoin. Beaucoup de musiciens, graphistes ou journalistes connus, tels qu'Érik Rug, Christophe Vix de Radio FG ou Daft Punk, qui ont remixé notre tout premier titre, "Get Funky Get Down", ont débuté à eDEN."

SCI-FI
"Dans le taxi qui nous conduisait un soir au Queen, nous avons découvert que nous avions tous deux une passion commune pour les Micronauts, ces figurines de science-fiction des années 70. Nous trouvions ce nom très cool et très SF ! Nous sommes de vrais fans de science-fiction, qui est pour nous une source d'inspiration à tous les niveaux, pas seulement sur le plan musical."

BABY WANTS TO ROCK
"Ce que nous cherchons à atteindre par notre musique, c'est avant tout à nous surprendre nous-mêmes, à pousser l'expérimentation toujours plus loin, en élaborant quelque chose d'inédit. Nous n'y arrivons pas toujours, mais c'est ce qui nous motive. Avec l'expérience, nous savons maintenant au fond de nous-mêmes quand un morceau est terminé ou non. Le tout, c'est de se l'avouer, d'avoir le courage, malgré les heures passées à travailler sur quelque chose, de dire "non, c'est pas encore ça". Nous considérons un morceau fini comme une équation qui a été résolue."

HOME STUDIO
"Une fois terminés, nos morceaux sont finalisés sur DAT et partent directement à la gravure. Cela nous permet d'être totalement indépendants. Nous travaillons principalement avec un Mac G3, un Akai S3000 et une Yamaha 03D. C'est une machine fabuleuse et révolutionnaire, que nous utilisons presque comme un instrument. Elle nous permet de modifier le son à tous les niveaux. Nous avons également beaucoup de synthés et de boîtes à rythmes, analogiques et numériques : JD-800, TB-303, Z1, Prophecy, TR-606 et TR-808. Mais nous avons aussi d'autres armes secrètes !"

REMIX
"Nous avons remixé Underworld, The Strike Boys, 16B, Orchestral Manoeuvres In The Dark, le "Block Rockin' Beats" des Chemical Brothers et venons de terminer le remix de "Dirge" de Death In Vegas. Le facteur temps est le critère principal sur lequel nous nous basons pour accepter de remixer un morceau ; d'ailleurs, nous avons malheureusement déjà dû refuser une trentaine de remix. Nous aimerions beaucoup remixer des artistes extérieurs à la scène électronique ; il y a notamment certains groupes de hip hop français actuels que nous trouvons assez excitants."

LIVE
"Notre musique est difficilement reproductible sur scène. Nous préférons "jouer" nos morceaux en passant nos disques et en les mixant. Contrairement à des groupes comme Underworld ou Chemical Brothers, qui sont issus du rock, notre apprentissage musical s'est fait par et dans les musiques électroniques. La musique électronique est avant tout une musique de club."

EMPLOI DU TEMPS
"Nous n'avons ni agent, ni manager, ni tourneur, ni assistant personnel. Nous passons donc énormément de temps à régler un tas de problèmes artistiques et administratifs, ce qui prend forcément le pas sur la musique. C'est la raison pour laquelle nous nous concentrons maintenant exclusivement sur les Micronauts, en laissant pour l'instant de côté nos autres projets comme Impulsion, Nature ou Issakidis."

IMAGE
"Nous savons ce que nous voulons au niveau de l'image et de l'artistique en général, mais nous n'imposons rien. Nous désirons simplement avoir une totale liberté de travail et de choix. Pour réaliser nos pochettes, nous avons choisi les graphistes de M/M, également issus d'eDEN, parce que nous nous comprenons et que leur manière d'envisager la création est très proche de la nôtre."

DISCO
"Pour l'instant, nous nous concentrons sur la finalisation de notre premier album, prévu pour septembre. Contrairement à "Bleep To Bleep", dont les neuf titres résultent de la déclinaison d'un concept unique, il sera constitué de morceaux indépendants les uns des autres."
Agnès Vair 13/3/2000



Guitare & Claviers Nº 218 mai 2000 : (version intégrale)

THE MICRONAUTS
RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE
Tour à tour DJs, remixeurs et remixés, The Micronauts sont aussi et surtout les auteurs de trois maxis particulièrement remarqués outre-Manche et d'un explosif mini album, "Bleep To Bleep", qui repoussent toujours plus loin les limites de la musique électronique. Rencontre aux frontières du réel avec un duo lucide au parcours sans compromis.

Les relations franco-canadiennes sont plus que jamais au beau fixe. C'est en effet avec une franche détermination et une passion sans bornes pour l'expérimentation que Christophe Monier - le Français - et George Issakidis - le Canadien - pilotent depuis six ans, sans naufrage et sans esbroufe, un vaisseau atypique baptisé The Micronauts à travers les méandres subtils et parfois complexes de la musique électronique.

Les deux compères se sont rencontrés en 1993 au sein du collectif eDEN, initié un an auparavant par Christophe aux côtés de Christophe Vix, aujourd'hui directeur artistique sur Radio FG. "À l'époque, il n'y avait pas en France de presse musicale consacrée à la house et la techno. Dans le fanzine eDEN, nous avons été les premiers à parler de cette scène. L'ambiance dans les raves était ici très sombre et triste, au contraire des raves organisées en Angleterre, au Benelux, en Espagne ou en Italie. Nous voulions montrer que la 'dance music' pouvait être différente. eDEN a aussi permis à la scène électronique française naissante de se fédérer et répondait en ce sens à un véritable besoin." Pari réussi puisque nombre des acteurs d'eDEN sont aujourd'hui des musiciens, graphistes ou journalistes (re)connus, tels qu'Érik Rug ou Daft Punk ; ces derniers ont d'ailleurs remixé le tout premier titre des Micronauts, "Get Funky Get Down".

Cependant, Christophe et George ont en commun bien plus que des influences musicales : ils partagent un même art de vivre, fait de dancefloors et de science-fiction. "Dans le taxi qui nous conduisait un soir au Queen, nous avons découvert que nous avions tous deux une passion commune pour les Micronauts, ces figurines de science-fiction des années 70. Nous trouvions ce nom très cool... et très SF ! La science-fiction est pour nous une source d'inspiration à tous les niveaux, pas seulement sur le plan musical. Nous sommes de véritables fans de films comme "2001 L'Odyssée de l'espace" ou les trois premiers "Alien", mais aussi de films japonais ou russes comme "Solaris" d'Andrei Tarkovski. Pour nous, ce qui est SF est cool, aussi c'est tout naturellement que "The Micronauts" s'est imposé comme nom de groupe." Assurément, ils n'auraient pu trouver meilleur nom. Il suffit pour s'en convaincre de prêter une oreille attentive à leur musique. De "The Jazz/The Jam", leur premier maxi sorti en 1995 sur le label de Brighton Loaded, à leur dernière galette "Bleep To Bleep", en passant par "Get Funky Get Down" et l'étourdissant "The Jag", la musique des Micronauts assène en continu rythmiques et lignes de basses distordues et sons apocalyptiquement électriques (l'inverse est vrai aussi), parfois mâtinés de subtiles touches soul funk - une rencontre inattendue entre "Blade Runner" et "Planète interdite"... "Ce que nous cherchons à atteindre par notre musique, c'est avant tout à nous surprendre nous-mêmes, à aimer ce que l'on fait et à s'amuser ; à pousser l'expérimentation toujours plus loin, en élaborant quelque chose d'inédit. Nous n'y arrivons pas toujours, mais c'est ce qui nous motive."

La musique incontestablement festive et spontanée des Micronauts découle en fait d'un processus de composition réfléchi, dans lequel exigence et confiance sont les maîtres mots. "Tant que nous sommes en mesure d'apporter une critique négative sur tel ou tel morceau en cours, c'est que ce morceau n'est pas fini. Avec l'expérience, nous nous apercevons que nous savons toujours au fond de nous-mêmes quand un morceau est terminé ou non. Le tout, c'est de se l'avouer, d'avoir le courage, malgré les heures passées à travailler sur quelque chose, de dire "non, c'est pas encore ça". Nous avons suffisamment confiance en nous-mêmes et en l'autre pour savoir quand nous sommes tous les deux contents d'un morceau, même si l'on sait avec certitude qu'il y aura forcément certaines personnes à qui ça ne plaira pas. On s'autocritique beaucoup aussi." Christophe, pour sa part, envisage en outre la conception d'un morceau de manière totalement mathématique. "Nous considérons un morceau fini comme une équation qui a été résolue. La solution de l'équation, c'est le morceau ! Nous savons où et quand nous arrêter. Il faut apprendre à s'autodiscipliner pour arriver à travailler, en dépit des dates butoir et de la pression subie." De ce côté, le duo est plutôt servi, et pour cause : il est en charge de tout ce qui touche de près ou de loin à la musique et la carrière des Micronauts. "Nous n'avons ni agent, ni manager, ni tourneur, ni assistant personnel. Nous passons donc énormément de temps à régler un tas de problèmes artistiques et administratifs, ce qui prend forcément le pas sur la musique. Aussi, même si l'on essaie de composer tous les jours, au final beaucoup de journées sont perdues d'un point de vue strictement musical. C'est la raison pour laquelle nous nous concentrons maintenant exclusivement sur les Micronauts, en dehors du fait que de toute façon ce projet nous tient particulièrement à cœur." Dans ce souci constant de maîtrise artistique absolue, le duo a imposé à sa maison de disques Science les pochettes du groupe, réalisées par les graphistes de M/M, également issus du collectif eDEN. "Nous savons ce que nous voulons au niveau de l'image et de l'artistique en général. Mais nous n'imposons rien ; nous préférons dire "travailler comme nous le voulons". Nous faisons entièrement confiance à nos graphistes, nous ne leur donnons aucune ligne directrice. Nous les avons choisis parce qu'il y a une compréhension mutuelle entre eux et nous, une manière d'envisager la création très proche de la nôtre. C'est pour cela que nous nous sommes débrouillés pour avoir un contrat qui nous permette de les défendre auprès de notre maison de disques. L'image est aussi importante que la musique. Certains labels anglais ou français, comme Artefact dont les pochettes sont réalisées par Restez Vivants!, ont une ligne graphique ET musicale très intéressante."

Surchargé, l'emploi du temps des Micronauts l'est d'autant plus que des projets parallèles viennent s'imbriquer dans l'univers déjà bien rempli de Christophe et George. Le premier officie dans Impulsion avec DJ Pascal R et en solo dans Nature tandis que le second a achevé il y a quelques mois un disque qui devrait sortir prochainement sur Artefact. Ensemble et sous le nom de Micronauts, leurs activités de DJs et de remixeurs les accaparent tellement qu'ils ont déjà dû refuser une trentaine de remix. "Le facteur temps est le critère principal sur lequel nous nous basons pour accepter de remixer un morceau. Vient ensuite, bien sûr, l'envie de le faire. Les gens qui nous demandent de les remixer sont en général ceux que l'on aime et dont on apprécie le travail. Nous partons aussi du principe que tout le monde doit y trouver son compte." Parmi les heureux remixés figurent Underworld, Strike Boys, 16B, Orchestral Manoeuvres In The Dark et surtout Chemical Brothers, qui ont confié aux Micronauts le soin de relooker leur "Block Rockin' Beats" en faisant parallèlement figurer sur leur album de mix "Brothers Gonna Work It Out" le premier maxi du groupe, "The Jazz/The Jam". Citons encore Death In Vegas, dont le mirifique "Dirge" sorti l'année dernière sur Deconstruction vient tout juste de passer entre les mains expertes du duo.

N'allez pas croire, néanmoins, que seule la musique électronique trouve grâce aux yeux des Micronauts : de même que leurs influences sont aussi éclectiques qu'inattendues - "Nous aimons tous les styles, du R&B au disco en passant par la soul, le rock, et même certains trucs de heavy metal et de musique traditionnelle !" - leurs désirs de remixeurs passionnés commencent à investir d'autres champs musicaux. "Il nous semble intéressant de remixer des artistes extérieurs à la scène électronique, comme des chanteuses noires américaines de R&B par exemple, ou bien des rappeurs. Il y a en ce moment en France quelques groupes de hip hop assez excitants que nous aimerions remixer." Cette ouverture d'esprit se manifeste avec vigueur chez Christophe lorsque l'on évoque devant lui l'Amérique du Nord et plus particulièrement les États-Unis. "Ce pays est inondé par le rock et la pop, au contraire de l'Europe où la musique électronique a maintenant de la place pour se développer. C'est un pays raciste, où les musiques black et blanches ne se mélangent pas. La musique électronique étant par essence une musique de mélanges, elle n'y trouve que peu d'endroits où s'exprimer et se diffuser. Le problème est en partie d'ordre politique. Dans les années 70, le disco, musique hédoniste de métissage des races et des couches sociales à laquelle étaient associées beaucoup de drogues, a été tellement diabolisé par les médias et le pouvoir en place qu'il y a eu des autodafés de disques dans des stades et que des t-shirts "Disco sucks" circulaient un peu partout. Il y a beaucoup de choses mortelles aux États-Unis, mais également énormément de problèmes. Les forces les plus réactionnaires et conservatrices encore très présentes dans ce pays freinent le développement de la musique électronique là-bas. En France, cette musique est arrivée tardivement pour des raisons politiques également, mais de nature différente : une sorte d'aversion et de haine envers tout ce qui est "jeune"..." Opinions que George partage, mais avec plus d'optimisme. "Les États-Unis sont un pays de ghettos, mais je crois qu'il y aura bientôt là-bas une génération qui va opérer un bouleversement, un peu à la manière du rock qui s'est imposé à l'époque. Moi, je suis canadien. La scène musicale est plus petite au Canada qu'aux États-Unis mais c'est un pays plus ouvert. Nous aimerions beaucoup jouer là-bas, surtout maintenant que les Canadiens savent que la moitié des Micronauts est originaire de Calgary ! Il existe au Canada un milieu electro passionnant, avec notamment une sorte de fanzine qui constitue un axe de création reliant Montréal, Toronto et Vancouver, et des labels d'electronica comme Plus 8..."

Pour l'heure, entre deux Eurostar - George et Christophe écument régulièrement les clubs britanniques où leurs sets de DJs font systématiquement carton plein - les Micronauts se concentrent sur la finalisation de leur premier album, prévu pour septembre. Au contraire de "Bleep To Bleep", dont les neuf titres résultent de la déclinaison d'un concept unique, il sera constitué de morceaux indépendants les uns des autres. En dépit de cette actualité discographique foisonnante, aucun véritable concert n'est prévu. "Notre musique est difficilement reproductible sur scène et, de toute façon, il n'y a qu'avec la compo que nous prenons vraiment notre pied. Et puis c'est lassant de devoir jouer toujours les mêmes morceaux sur scène. Nous préférons "jouer" nos morceaux en passant nos disques et en les mixant. D'ailleurs, c'est comme ça que nous concevons la musique électronique : c'est avant tout une musique de club, faite pour être jouée sur des platines et non interprétée à la manière d'un concert de rock. En cela, nous sommes différents de groupes comme Underworld ou Chemical Brothers. Ils ont sur scène l'énergie et l'approche technique d'une formation rock, ce qui est normal puisqu'ils sont issus du rock. Notre apprentissage musical a été différent car il s'est construit par et dans les musiques dites électroniques." Et George d'ajouter, le sourire aux lèvres : "Pour l'instant, les concerts de Micronauts se déroulent uniquement rue Oberkampf, où nous avons notre home studio !"

Et quel studio... S'y côtoient une console numérique Yamaha 03D, un sampler Akai S3000, un Mac G3 et une profusion de synthés. "La 03D nous sert presque d'instrument à part entière, nous l'utilisons comme une interface afin de modifier le son à tous les niveaux. Sans elle, nous serions tristes ! C'est une machine fabuleuse et révolutionnaire. Nous avons également beaucoup de synthés et de boîtes à rythmes, tant analogiques que numériques, qui nous offrent un panel intéressant et varié de sons et de synthèses : un JD-800 et une TB-303, un Z1 et un Prophecy, sans oublier les TR-606 et 808. Mais nous avons aussi d'autres armes secrètes !"

Le secret tant convoité des Micronauts réside-t-il dans ces fameuses "armes" ? Réponse dans quelques mois...
Agnès Vair 13/3/2000



House-Of-Techno.com :

(real audio)
Roland Torres 16/3/2000



Wsound.com :

THE MICRONAUTS
"Il y a une sorte de message de permissivité dans notre musique même si ce n'est pas explicitement dit".

Christophe Monier et George Issakidis sont les deux producteurs des Micronauts, groupe technoide particulièrement virulent. Après le single "The Jag" et sa vidéo subversive filmée au supermarché, arrive (très bientôt) le EP "Bleep To Bleep", qui rassemble neuf déclinaisons d'un thème, construites avec les mêmes composants. Du bleep bien sûr, mais aussi des coups de pied dans le postérieur et des fréquences basses infectieuses modulées avec un certain sadisme par ces agitateurs de neurones. Leur premier album est prévu pour cet automne, mais on peut d'ores et déjà goûter à leurs péripéties soniques qui ne peuvent laisser indifférent. Plus osée que bien des sons qui sortent de nos contrées, la musique des Micronauts cache sous une efficacité imparable un sens de l'expérimentation et du retournement de situation qu'on peut leur envier. Ça valait bien une interview.

Vous êtes signés sur un label britannique. On comprend bien l'atout commercial puisque le marché est là-bas, mais qu'est ce que ça vous apporte sur le plan artistique ?
Christophe - On a toujours signé sur des labels anglais, jamais ailleurs, mais c'est plus une question de contrôle artistique. Il n'était pas question de signer avec un label sans contrôler complètement notre identité, la musique, la pochette, les images qui y sont associées. Il se trouve que les Anglais se sont d'abord intéressés à notre musique, et qu'on était en position de demander ce genre de garanties dans la négociation. Il faut être en position de force pour signer ce type de contrat. On était prêts à dire non si on n'avait pas eu ça.

Pourquoi sortir neuf variantes du même morceau ?
Georges - C'est pas un véritable album, c'était important de le souligner. On était parti en Angleterre avec quatre morceaux pour le mastering et comme on avait neuf morceaux de prêts on le sort comme ça.
C - Ca tient à notre façon de travailler. Dans l'ordre chronologique, on a fait ces quatre morceaux, les quatre premiers du disque, on a écouté, reprogrammé, amélioré. Pour faire ça, on a enregistré huit heures de musiques. On peut rentrer des sons, les trafiquer sur le rack d'effet en direct, et même quand ça plante, on continue d'enregistrer pour voir ce que ça donne. Le matériel permet de scruter directement le son. On joue de notre instrument, le studio, qui a un cheminement un peu complexe parce qu'on agit directement sur le timbre. En réécoutant les bandes, on a sélectionné les meilleures parties en faisant des montages audio. Ca a donné les quatre derniers titres du EP.
G - Ensuite, on a nourri un logiciel avec notre musique pour réaliser le morceau "Bleeper_0+2", et c'est sans doute la première fois qu'on se fait remixer par un ordinateur.
C - C'est un logiciel qui est à l'origine utilisé par des musiciens acousmatiques et qui te propose un choix d'algorithmes, qui ne sont pas programmés au hasard évidement. Tu indiques un fichier son au logiciel qui puise dans le fichier ce qui l'intéresse, réorganise le grain de son en fonction de la formule mathématique que tu as choisi. Il travaille le son sur des bouts de samples très précis, ce qui donne un changement de structure à l'arrivée. C'est un type de synthèse appelé synthèse granulaire.

Un être humain aurait-il pu le faire ?
C - Non, pour des raisons physiques parce que c'est impossible de faire des découpages aussi petits dans le temps. L'action qu'on a c'est le fichier qu'on crée et le choix de l'algorithme.
G - On n'aurait pas songé à sortir un morceau comme ça si le fichier qui nourrit le logiciel n'avait pas été aussi achevé.
C - Même si ça a l'air d'être le bordel, c'était très organisé, couche par couche. Le résultat dépendait de la matière première.

Pensez-vous à l'impact de vos morceaux quand vous les produisez ?
G - C'est senti, plus que réfléchi. Ca signifie qu'il faut improviser, atteindre un état de transe, et tu réfléchis sans y réfléchir, c'est inconscient. Il n'y a pas que la création artistique qui soit mieux en état de transe. L'expérience joue aussi, et puis l'absence d'obstacles entre ton cerveau et ta main. Nous, on arrive à cet état avec la skunk, parce que ça désinhibe, et un petit peu d'alcool.

Seulement de la skunk ?
G - On milite pour l'usage maîtrisé des drogues. Toutes les substances ont un intérêt ou pas, ça dépend de la personne, du moment. Certainement le fait d'avoir pris des extas joue également, mais les outils qu'on utilise sont très techniques, avec tout ce que ça implique de rigueur, de maintenance, de bug. C'est impossible de les utiliser si t'es trop à l'ouest. Il faut faire un choix.

Votre musique est très physique : est-elle destinée au dancefloor ?
C - C'est sûr qu'on a toujours été extrêmement soucieux des rythmiques. Maintenant ce n'est pas seulement destiné aux pistes de danse. Le rythme a envahi la musique populaire, mais nous, on peut l'apprécier tranquillement. Le nôtre est moins sage, c'est tout.
G - On est plus attiré par ce qui est plus novateur, plus mental aussi.
C - On aime bien remplir le spectre fréquentiel. C'est après coup qu'on s'en rend compte.
G - On se dit pas qu'on va faire un truc qui tape, c'est comme ça que ça sort. Faut toujours aller plus, on met pas les boutons plus loin que le maximum, parce que c'est pas possible. Mais l'intention y est.

Vous avez une image subversive, en partie alimentée par la vidéo de "The Jag". Avez-vous un message politique à faire passer ?
G - Il y a un contenu politique dans la musique elle-même, parce que ça tape, ça fait penser à la drogue. Il y a une sorte de message de permissivité même si ce n'est pas explicitement dit. On pense que la house et la techno sont les musiques du mélange racial, sexuel, des âges. D'ailleurs c'est une musique qui fait peur, qui dérange. Si on a un combat politique, c'est plus un combat pour la liberté. On n'est pas dans un pays libre, on a pas le droit de se droguer. C'est très facile de démontrer que la répression donne le poison qu'il y a dans la rue, le trafic, des gens emprisonnés pour avoir consommé une substance illicite.

Comment ça se passe tous les deux derrière les machines ?
C - Il s'agit pas de faire des concessions, en fait ça revient à être beaucoup plus dur. S'il y en a un qui n'est pas content, on vire le passage. On est plus sélectif à deux que tout seul.

Et l'album, comment il se prépare ?
G - Il est déjà à moitié fait. Il y aura une partie qui aura précédé ce mini album, et une partie que l'on va faire maintenant. Mais ce n'est pas le même concept.
C - Par contre au niveau des techniques employées, ce seront les mêmes que sur "Bleep To Bleep". Ca devrait être prêt cet automne.

Qu'est ce que vous avez à dire sur la scène française ?
C - On a beaucoup à dire sur la France en général, qui est assez anti-jeune, beaucoup trop fière de sa culture du passé, qui n'arrive pas à se projeter dans l'avenir. La gérontocratie rend les choses plus difficiles.
C - Faut travailler dix fois plus pour arriver au même résultat. On a aussi toujours été un peu marginalisé ici, on se sent plutôt apatride.
G - La scène française est... française.
Grégory Papin 16/3/2000



Canalplus.fr :

BLEEP TO BLEEP
Exit la funky French touch, avec "Bleep To Bleep", les Micronauts nous prouvent qu'il est possible d'être à la fois dark, Français et excitant. En interview et en mix, Christophe Monier et George Issakidis nous prouvent qu'ils sont bien les champions du dirty glamour made in France.

C'est quoi le bleep ?
CM : Pour nous, le bleep c'est le début de la techno anglaise, LFO, les racines de la jungle et du breakbeat aussi. Même si j'aime pas trop le terme revival, c'est vrai que ce courant nous a pas mal influencés.
GI : Photek sort d'ailleurs un morceau qui s'appelle "The Bleeps Tune"... "Music Response" des Chemical Brothers est également un peu bleep sur les bords, les compilations des 10 ans de Warp aussi. Tout cela arrive un peu en même temps.

Si vous aviez quelques morceaux de bleep à conseiller à nos lecteurs ?
GI : Sans hésiter, le premier maxi de LFO, le premier album de Unique 3.
CM : Les premiers maxis de Forgemaster et Nightmare On Wax, quand ils faisaient de la bonne musique.

Le disque sonne très live, c'est voulu ?
CM : Non, c'est comme cela qu'on travaille. C'est de l'improvisation en studio. On joue et on enregistre soit en audio, soit en MIDI et après on réécoute, on sélectionne et on reprogramme ce qui nous plaît.
GI : On améliore, on restructure. En fait, il n'y a pas tellement de "couches sonores" dans notre musique, mais elles vont dans les extrêmes. C'est ce qui donne l'impression que le son est assez chargé.
CM : Pour notre remix des Chemical Brothers par exemple, on utilise juste le breakbeat d'origine qui passe par des phases très différentes.

Le côté assez dur de l'album reflète vos goûts musicaux ?
GI : Absolument. On aime des trucs assez doux et assez durs en même temps.
CM : Dans nos discothèques, il y a du R&B, de la biguine, du raï, du new jack, de la musique concrète et évidemment beaucoup de house et de techno. Tous les styles musicaux sont intéressants potentiellement. On résonne plus en terme de morceaux qu'en terme d'artiste... Il y a des trucs d'Aphex Twin excellents et d'autres à chier.

Vous avez un rapport fétichiste avec vos disques ?
CM : Avec la musique plus qu'avec les disques. Disons qu'il y a toujours une tendance à la collectionnite... Personnellement, c'est une névrose que j'essaie de combattre. Mais c'est vrai que j'ai pu être assez extrême à certains moments. Je refusais les disques que les maisons de disque françaises m'envoyaient pour acheter les pressages américains.
GI : Il y a une raison à ça, c'est que le son est meilleur sur les pressages originaux, et il y a moins de pollution visuelle sur les pochettes originales.

Vous jouez très souvent en Angleterre, vous trouvez la scène comment là-bas ?
GI : Diverse, riche, ouverte et variée, pas agressive la plupart du temps (rires)
CM : En fait il y a quelques jours on a joué notre remix de Death In Vegas à la soirée "Headstart" et on a un peu énervé les gens... On avait commencé assez expérimental, genre Speedy J enchaîné avec Mafia Trece, du Saïan Supa Crew... On a un peu vidé la piste. On enchaîne, la piste commence à se remplir, les gens commencent à bouger et une fille débarque dans la cabine et commence à alpaguer George. J'étais concentré et tout à coup je tourne la tête et je vois cette fille en train de hurler "Fuck off !! Fuck off !!" On entend alors une explosion et une pluie de verre s'abat sur nous, il y en avait partout sur nos disques : quatre mecs étaient en train de se battre sur la piste. On a coupé la musique et après, ça c'est un peu calmé. Comme quoi notre musique provoque des réactions extrêmes !

La scène française, vous la voyez comment ?
GI : En fait on joue assez peu ici parce qu'on ne nous le propose pas. Même quand on a joué à Respect, c'était au Fuse.
CM : Au niveau des disques, il existe des centaines d'excellents disques français : Zend Avesta, Mirwais, Bosco, Micropoint, David Carretta, Miss Kittin, The Hacker... Mais la house filtrée c'est un peu fini maintenant...
GI : En Angleterre peut être mais ici pas encore...

Et le retour de l'electro ?
CM : L'electro de maintenant est très différente de celle de l'époque... Si ce revival pouvait permettre de ramener un peu plus de sons électroniques dans le hip hop, ça serait pas mal... C'est un peu le cas avec Timbaland. Dopplereffekt, c'est agréable à écouter mais ce n'est pas très satisfaisant sur un plan intellectuel : c'est une approche un peu réactionnaire...
GI : On préfère DJ Assault, si tous les disques de Detroit bass étaient comme le sien, ça serait génial...

Vous faites souvent référence aux drogues, pensez-vous que ces dernières soient indissociables de la culture club ?
CM : Elles sont indissociables de l'humanité tout court. Il y a un véritable combat de libération politique à mener pour cela. On ne pourra pas prétendre vivre dans un pays libre tant qu'on n'aura pas le droit de se droguer, c'est aussi simple que cela.

Pourriez-vous nous décrire votre fête idéale ?
CM : Dans une station spatiale au-dessus de la terre. Il faudrait à peu près quarante minutes de déplacement en fusée pour y arriver. Le DJ serait une intelligence artificielle.
GI : Nous aurions tous des puces greffées sur le système nerveux qui nous permettraient de communiquer nos sensations aux autres danseurs. L'intelligence artificielle synthétiserait les données échangées entre chaque danseur pour produire la musique la plus adaptée à l'atmosphère...
CM : Tout cela se terminerait en gigantesque partouze.
Propos recueillis par Guillaume Sorge 13/3/2000

Lire la chronique de "Bleep To Bleep"
Écoutez le mix exclusif des Micronauts
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L'INTERVIEW
L'interview s'est déroulée le 30 septembre 1999 au studio de Christophe Monier : l'Âtelier de Musique Electronique (Paris XI). En fait, c'était plutôt comme une discussion entre amis entre Christophe Monier, George Issakidis, DJ Pascal R et moi (Steve Lhomme). Tout ceci a duré environ 4h. Voici les choses les plus intéressantes dont nous avons discuté :

RENCONTRE
Christophe a rencontré Pascal à la Locomotive (un club de Paris) à la fin des années 80. Ils s'intéressaient tous les deux à la même fille ce soir-là et sont finalement devenus amis.
George a rencontré Christophe en 1993 grâce au fanzine eDEN. George était très intéressé à travailler pour ce fanzine et comme Christophe faisait parti de l'équipe avec d'autres gens de la scène techno/house française, ils se sont rencontrés là.

DÉBUTS
Christophe a été le premier à publier des disques. Son projet solo s'appelait Nature et il a sorti quelques disques sous ce nom dans plusieurs labels.
The Micronauts (Christophe et George) ont sorti leur premier morceau "Get Funky Get Down" en 1994. Il devait originellement sortir sur Loaded mais est finalement sorti chez Phono Recordings. "Back To The Bioship" a été créé/enregistré en une semaine parce que Phono voulait un autre titre pour le maxi (en plus du remix des Daft Punk).
Impulsion (Christophe et Pascal) a sorti quelques disques chez Fnac et Loaded pour commencer. Pascal et George ont aussi sorti quelques disques sous leur propre nom.

INFLUENCES
Tout ce qui est sorti durant ce siècle et aussi les siècles précédents. Tous les styles de musique sont les bienvenus. Nous avons même écouté un disque de musique grecque (semi-patrie de George) antique durant l'interview. Pascal semble avoir un fort background rock/punk.

STUDIO
Ils ont tous leur propre studio à la maison (ce qu'on appelle un home studio). Et ils enregistrent leur musique solo chacun dans ces studios. Par contre, pour les morceaux d'Impulsion ou des Micronauts, l'enregistrement se fait au studio de Christophe.
Ils utilisent énormément de matériel numérique : des synthés à la table de mixage en passant par les effets et leur Mac G3. Tout est ensuite synchronisé via MIDI et finalement enregistré en live sur DAT.

TRAVAIL
Pour les projets solos, c'est chacun chez soi. Mais pour les projets communs, ils travaillent toujours ensemble (Christophe + George ou Christophe + Pascal).
Rien n'est gardé sans l'accord des deux partenaires du projet. Et quand ils ne sont pas sûrs/convaincus d'une idée, ils la jettent !
Selon Christophe, The Micronauts est plutôt basé sur les sons de synthèse tandis qu'Impulsion est plutôt basé sur le sampling et les boucles.

COMPROMIS
Aucun. Ils ne font que ce qu'ils aiment faire/entendre et ce à quoi ils sont le meilleur. Peu importe si ca va marcher ou pas. Ils n'enregistreront jamais de morceaux de house filtrées sauf si ça devient moins populaire.

LIVE
Ils ont déjà fait pas mal de live avec Impulsion mais avec peu de joie personnelle. Ils ne pensent pas remettre ça dans un futur proche. Il est déjà très difficile d'obtenir leur son en studio et donc c'est encore plus dur en live.

DJ
Pascal officie régulièrement en temps que DJ. Il a mixé dans de nombreux endroits, en particulier sur Radio FG où il joue différents types de musiques techno toutes les semaines, selon son humeur. Il est de plus en plus connu de par le monde dans le monde du DJing (il a récemment joué en première partie de Leftfield en Angleterre) et commence maintenant une carrière en Angleterre.
Christophe et George sont aussi DJs. Ils ont actuellement une résidence tous les mois au Turnmills à Londres et bientôt à Fabric (dès qu'il sera ouvert). Cependant ils ne "beat-mixent" pas, parce qu'ils ne savent pas le faire ! Leur travail de DJ consiste donc à trouver le bon disque au bon moment, des morceaux qui sont bons du début jusqu'à la fin.

COLLABORATIONS
La première collaboration à s'être terminée sur un disque était avec les Daft Punk. Les Daft Punk mixaient à la même soirée que les Micronauts et avaient déjà sorti "The New Wave" chez Soma (que nous avons aussi écouté). Ils ont demandé aux Micronauts qu'ils aimeraient remixer "Get Funky Get Down" et c'est finalement arrivé.
Ensuite ce fut Pizzaman, le projet solo des deux gars de Loaded et de Norman Cook (maintenant plus connu pour son projet solo Fatboy Slim). Impulsion et The Micronauts étaient chez Loaded à cette époque et le label a demandé à Impulsion de faire un remix pour Pizzaman. Ils ont finalement remixé "Trippin' On Sunshine".
Les Micronauts ont rencontré les Chemical Brothers dans une radio française quand ils s'appelaient encore les Dust Brothers en 1995. Ils leur ont donné une copie de "The Jazz/The Jam" qui est rapidement devenu un des classiques des Chemical au Sunday Social... Il semble que Tom et Ed soient de grands fans des Micronauts. Ils leur ont proposé de remixer "Block Rockin' Beats", ont mis "The Jazz" dans "Brothers Gonna Work It Out" et ont failli les signer sur leur propre label Freestyle Dust.
Il semble que ce soit Darren Emerson et un gars de Junior Boy's Own qui ont décidé de demander aux Micronauts de remixer "Bruce Lee" d'Underworld. Ils ne semblent pas être en contact avec eux.
Le nouveau single d'Impulsion (en Angleterre) "The Trip" a été remixé par DJ Pierre, le pape de l'acid house première heure, et il semble que ce soit déjà un classique dans les clubs. tout le monde semble apprécier ce remix.

SEXE
La musique c'est le sexe. Nous étions tous d'accord là dessus...

Merci aux 'outsiders' pour leur temps et pour leur aide.
Steve Lhomme 30/9/1999 (English translation)









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